Nouveau protocole sanitaire : les enseignants en danger
A ceux qui en doutaient, le reconfinement prouve que le Gouvernement estime la population française en danger.
Pourtant, jeunes et enseignants continueront à aller tous à l’école, sans que rien en change vraiment si ce n’est le port du masque obligatoire à l’école primaire. Le reste n’est que mesurettes. Le Snec-CFTC a exprimé au Ministère de vive voix ce vendredi son incompréhension face au nouveau protocole.
Voici les points problématiques.
Concernant la distanciation
« Dans les écoles élémentaires les collèges, et les lycées, le principe est la distanciation physique d’au moins un mètre lorsqu’elle est matériellement possible, dans les espaces clos (dont la salle de classe), entre l’enseignant et les élèves ainsi qu’entre les élèves quand ils sont côte à côte ou face à face. […] Si la configuration des salles de classe (surface, mobilier, etc.) ne permet absolument pas de respecter la distanciation physique d’au moins un mètre, alors l’espace est organisé de manière à maintenir la plus grande distance possible entre les élèves. »
Pour le Snec-CFTC, cela est totalement inacceptable. Les conditions de sécurité ne doivent pas être modulables selon les circonstances. Si la distance d’un mètre est celle qui permet de protéger les personnes, alors cette distance d’un mètre doit impérativement être respectée auquel cas l’accueil doit être si besoin limité. Le Snec-CFTC demande la limitation de l’accueil et un allégement des programmes pour accueillir des demi-groupes (pas de cumul présentiel-distanciel, pas de double semaine de travail comme cela avait été le cas ce printemps).
Le non brassage au restaurant scolaire relève du bon sens quand la distanciation n’est pas possible. Mais une autre mesure aurait dû être imposée, pour protéger jeunes et adultes à un moment où ils ne peuvent porter de masque : le placement en quinconce.
Concernant les mesures de dépistage
« Les parents sont invités à prendre la température de leur enfant avant le départ pour l’école. Ils s’engagent à ne pas mettre leurs enfants à l’école, au collège ou au lycée en cas de fièvre (38 °C ou plus) ou en cas d’apparition de symptômes évoquant la Covid-19 chez l’élève ou dans sa famille. »
Le Snec-CFTC ne saurait s’en contenter. Nous savons tous que 10 % des voyageurs (train, métro, etc.) ne portent pas leur masque ou le portent sous le nez. La propension de nombre de citoyens à ne pas respecter les règles de distanciation et le port du masque prouve que la confiance n’est pas suffisante et qu’une invitation (quand bien même ce serait une injonction) ne saurait en aucun cas garantir que 100 % des parents s’y conformeront.
10 % de parents négligents pour une classe de 35 élèves, cela fait 3 ou 4 élèves par classe non contrôlés par leurs parents. Dans ce domaine, une immense majorité (90 %) est insuffisante et l’unanimité est simple à obtenir, pour le bien de tous, adultes et jeunes.
L’Etat doit donc imposer la prise de température à l’entrée dans l’établissement pour toute personne (jeune ou adulte) pénétrant dans un établissement scolaire.
Concernant l’aération des salles de classe
« Cette aération [des classes et autres locaux] doit avoir lieu au minimum toutes les 2 heures. »
Le Snec-CFTC demande que l’on interdise l’utilisation de salles non ventilées en permanence. Ailleurs, on a su imposer la pose de systèmes de ventilations mécaniques. Et la France a eu plusieurs mois pour envisager un plan de mise à niveau. On aurait pu subventionner de tels travaux, ce qui aurait contribué à soutenir l’activité économique de PME françaises. Pour le Snec-CFTC, il n’est pas trop tard même s’il est évident que de tels travaux ne peuvent se réaliser immédiatement.
Dans l’attente, aérer au minimum chaque heure est indispensable et devrait être imposé par le protocole !
Concernant les masques
« Le port d’un masque « grand public » est obligatoire pour les personnels tant dans les espaces clos que dans les espaces extérieurs. »
Le Snec-CFTC ne comprend pas que les maîtres ne soient pas équipés en masques chirurgicaux de type II, plus protecteurs que les masques grand public, moins gênants pour la respiration et plus respectueux de la voix des maîtres (celle-ci est moins étouffée).
Ces masques sont disponibles en grandes quantités dans toutes les grandes surfaces et même dans les bazars parisiens. Il est donc totalement faux et même insultant envers les maîtres d’affirmer, comme cela a été fait encore récemment, qu’ils sont réservés aux personnels soignants.
« L’avis du médecin référent détermine les conditions du port du masque pour les élèves présentant des pathologies. »
Pour le Snec-CFTC, le protocole doit prévoir ce qu’il convient de faire quand un élève est médicalement dispensé de porter le masque. Là aussi, l’Etat doit assumer sa responsabilité au regard des enjeux sanitaires : c’est à lui et non au chef d’établissement de décider de la conduite à tenir.
Il serait simple, rapide et peu coûteux d’installer dans chaque salle de classe des réceptacles hermétiques pour recueillir mouchoirs et masques usagés. Il est inconcevable que l’on accepte que du matériel potentiellement contaminé puisse se retrouver à l’air libre dans un milieu clos, près des élèves ou du bureau de l’enseignant.
Concernant la désinfection des surfaces
« Un nettoyage désinfectant des surfaces les plus fréquemment touchées par les élèves et personnels dans les salles, ateliers et autres espaces communs (comme les poignées de portes) est réalisé plusieurs fois par jour. »
Plusieurs fois = 2 fois au minimum. La vaporisation de produits désinfectants sur les poignées de porte d’une salle de classe est d’un coût abordable et peut être réalisée rapidement par tout adulte. S’il y a deux portes, cela fait quatre poignées. Idem, pour les toilettes et portes d’accès aux bâtiments. Il est incompréhensible qu’elle ne soit pas imposée à chaque entrée /sortie collective.
Une indispensable concertation
Le Snec-CFTC a réitéré sa demande de concertations en amont entre le ministère, les organisations syndicales et les organisations de chefs d’établissement. La sécurité doit se construire avec tous les acteurs, en particulier ceux qui sont concernés !
Une nécessaire transparence
Le Ministère continue d’affirmer que l’école est un lieu où il y a peu de contamination. Cela va en l’encontre de l’avis rendu par des sommités médicales. Et la question de la contagiosité des jeunes enfants n’est toujours pas tranchée.
Mais l’Etat fait la sourde-oreille face aux demandes du Snec-CFTC de publier les statistiques sanitaires en milieu scolaire.
Plus que jamais, les personnels ont besoin de transparence. Il vaut mieux avoir des personnels qui acceptent de courir un risque qu’on ne leur cache pas (et contre lequel on prend des mesures efficaces de protection) que des personnels qui savent qu’ils courent un risque que leur employeur tente de cacher ou de minimiser. Les enseignants français sont dévoués à leur cause. Alors, au moins, respectons-les !
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