Grève du 18 octobre : Position du Snec-CFTC Enseignement agricole sur la réforme du lycée professionnel
Réforme du lycée professionnel dans l’Enseignement agricole : le Snec-CFTC Agri n’appelle pas à la grève le 18 octobre mais se mobilise pour porter les attentes et les préoccupations des acteurs de terrain au cœur des négociations à venir.
Le jeudi 25 août, le Président Macron a annoncé une « transformation profonde » des lycées professionnels. Il souhaite « réarrimer très en profondeur et en amont le lycée professionnel avec le monde du travail ». Cela doit, selon lui, passer notamment :
- par le développement « des temps de stage d’au moins 50 % »,
- par la rémunération des PFMP,
- par le recrutement de plus d’enseignants issus du monde de l’entreprise.
Lors d’une visioconférence organisée le 5 octobre dernier, le cabinet du ministre a complété ces orientations par les trois axes suivants :
- Maintien des exigences dans les enseignements généraux
- Adaptation aux enjeux professionnels, environnementaux et de développement durable avec une carte de formation plus « agile », en lien avec les territoires.
- Renforcement de la « découverte des métiers » en collège pour une meilleure orientation en voie professionnelle
Lors de cette conférence la commission agricole du Snec-CFTC s’est interrogée sur le mauvais signal donné en proposant une nouvelle réforme alors que des réformes encore en cours, et très chronophages pour les collègues, n’ont pas produit tous leurs effets et n’ont donc pu faire l’objet d’un bilan.
Le Snec-CFTC a partagé ses inquiétudes quant à l’avenir de la voie professionnelle et le danger que pourrait représenter cette réforme pour les enseignants, les salariés des établissements, les familles et les apprenants.
Le Snec-CFTC n’est pas idéologiquement opposé à l’idée de réforme de la Voie Professionnelle. Il partage l’ambition affichée d’en faire une vraie voie de réussite. Mais il ne faudrait pas que cette réforme dissimule une disparition programmée de la voie scolaire pour les formations professionnelles au profit de l’apprentissage. Pour le Snec-CFTC, l’apprentissage n’est pas l’unique avenir de la formation professionnelle. Les deux modes de formation, sous statut scolaire et par apprentissage, doivent pouvoir coexister. Si l’apprentissage est une voie de réussite et d’insertion professionnelle pour de nombreux jeunes., son modèle ne saurait convenir à tous les jeunes, notamment aux plus fragiles.
Un recours exclusif à l’apprentissage, ou une soumission des formations par voie scolaire à des PFMP hégémoniques mettrait de nombreux élèves en difficultés :
- Parce que ce serait diminuer d’autant le temps d’enseignement consacré à la formation générale, humaine et citoyenne, dont nos élèves et la société ont tant besoin.
- Parce que ce serait mettre en réelle difficulté les plus jeunes de nos élèves, nécessairement moins autonomes dans leur pratique, moins mobiles. C’est également le cas dans les milieux ruraux et pour les élèves les plus éloignés des bassins d’emploi.
- Parce que ce serait mettre en réelle difficulté certains nos élèves à besoin éducatif particulier qui ont aussi de futurs professionnels à besoin de stages particulier.
- Parce que ce serait nier l’importance de l’enseignement pratique en atelier et de l’enseignement théorique comme moyen pour le futur professionnel de réfléchir sur sa pratique ou de la faire évoluer.
- Parce que ce serait renforcer la pression sur les entreprises d’accueil, notamment si elles supportent seules la « gratification » des PFMP ; ce serait donc aussi prendre le risque que certains élèves ne puissent plus trouver d’entreprise d’accueil, notamment dans les territoires ruraux et plus largement dans le secteur des services ou dans certaines sections qui s’appuient particulièrement sur des employeurs privés ou associatifs. La difficulté accrue de trouver un stage pourrait être la source d’une réelle désaffection mettant en péril la survie de la Voie Professionnelle.
Le cabinet du ministre de l’Agriculture s’est voulu rassurant sur ces différents points :
- Affirmation d’un attachement à la formation professionnelle par voie scolaire. Un « big bang de l’apprentissage » ne serait pas au programme.
- Une « concertation novatrice » : la réforme ne serait pas déjà écrite mais sera construite dans le dialogue entre les différents acteurs de l’Enseignement agricole et de l’Éducation nationale « main dans la main ».
- Un calendrier adapté à une « réforme progressive » : « tout ne se mettra pas en place à la rentrée 2023 ».
- Les formations de l’enseignement agricole qui ont déjà beaucoup de PFMP pourraient ne pas être concernées par la totalité de l’augmentation de 50% du nombre de semaine de stages.
- Quatre groupes de travail autour de quatre questions :
- Comment réduire le décrochage scolaire ?
- Comment mieux préparer la poursuite d’études supérieures, notamment en BTS ?
- Comment améliorer le taux d’accès à l’emploi après le diplôme ?
- Comment donner des marges de manœuvres aux établissements tout en veillant au caractère national des diplômes ?
Fidèle à son principe « Savoir s’opposer, toujours Proposer », le Snec-CFTC enseignement agricole a accueilli ces annonces avec beaucoup de prudence mais sans faire de procès d’intention. Le Snec-CFTC est attaché au dialogue social, c’est pourquoi il veut laisser une chance à la concertation et n’appelle donc pas à la grève le 18 octobre dans l’enseignement agricole.
Le Snec-CFTC se mobilise pour porter les attentes et les préoccupations des acteurs de terrain au cœur des négociations.
Le Snec-CFTC rappellera si besoin les positions prises par le cabinet du ministre et évoquées ci-dessus.
Le Snec-CFTC défendra également des points qui n’ont qu’indirectement été abordés :
- La réforme ne doit pas servir à justifier des suppressions d’emplois ou entrainer une des détériorations des conditions de travail ni remettre en cause le statut des enseignants de droit public.
- Le lien entre voie scolaire et apprentissage doit être précisé si les lycées professionnels continuent d’être mis à contribution. La mixité des publics actuellement mise en œuvre, de gré et parfois de force, engage le statut et la responsabilité des enseignants.
- L’articulation du service public d’éducation et de formation, auquel participent les lycées professionnels, avec les autres acteurs de la formation professionnelle, publics (Conseils généraux par exemple) ou privé (entreprises) doit être clarifiée pour éviter une « OPA » des seconds sur le premier.
- L’Enseignement agricole doit pouvoir garder ses spécificités voire les renforcer pour toujours mieux répondre aux enjeux de la diversité des territoires et des apprenants.
Si les attentes et les préoccupations des acteurs de terrain sont vraiment au cœur des négociations, alors oui ! Cette concertation sera effectivement « novatrice » !
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